Près de 400 professionnels ont participé à la 25ème journée gérontologie qui s'est déroulée à Saint-Brieuc le 19 avril 2016 sur le thème de l’intimité et de la sexualité des personnes âgées en EHPAD.
Cette question, qui s'avère de plus en plus évidente au sein des établissements et de moins en moins taboue, demeure néanmoins compliquée pour les professionnels au quotidien.
Au cours de cette journée, Jean-Jacques AMYOT, psycho-sociologue, a démontré que nous restions prisonniers de préjugés et d’idées toutes faites associant l’intimité et la sexualité à des stéréotypes de beauté et de jeunesse et rappelé qu’il n’existait pas de réponses standard.
Nadine MURAT-CHARROUF nous a fait part de son expérience de gériatre en tant que médecin coordonnateur et dans le cadre de consultations mémoire au CHU de Rennes, étayée par de nombreux exemples rencontrés au quotidien. Elle a souligné l’intérêt d’une réflexion pluridisciplinaire au cas par cas tout en gardant une approche éthique et protectrice en cas de troubles cognitifs ou psychiatriques des résidents.
En complément de l’approche médicale, Michaël BALANDIER, juriste, a développé toute l’importance du principe cardinal du consentement de la personne âgée. Il a également suggéré une série d’adaptations possibles en EHPAD permettant l’expression de cette intimité dans un cadre collectif et dans le respect de la tranquillité d’autrui : adaptation des locaux avec des chambres doubles ou communicantes à destination des couples, possibilité de fermer sa chambre à clef, …
Dans un deuxième temps, dédié aux expériences de terrain, le Docteur Frédéric MUNSCH, psycho-gériatre, médecin chef du pôle EHPAD USLD au CHU de Reims, a dépeint, suite à des expériences concrètes rencontrées par les soignants au quotidien, comment son établissement avait largement sensibilisé les professionnels à cette thématique avec également un impact organisationnel non négligeable. Ce fut aussi le cas de l’EHPAD de Saint-Riquier dans la Somme, où selon Ingrid DESVIGNES et Justine HERVET, psychologue et infirmière, cette sensibilisation s’est appuyée sur la formation de l’équipe pluridisciplinaire. 4 axes de réflexion ont été retenus : la liberté du résident ; son consentement ; la protection du résident atteint de troubles cognitifs ou psychiatriques et enfin un 4ème axe : la relation à l’entourage et à la famille qui peut parfois se révéler frileuse voire opposée à la poursuite d’une vie intime en EHPAD de son parent âgé, avec un partenaire nouveau. Entre permissivité extrême et surprotection, il importe de ne pas « protocoliser » cette question qui met en jeu l’humanité et la spécificité de chacun.