Depuis plusieurs années, le dispositif « Construire et réussir son évolution professionnelle - CREP » accompagne les agents dans leur projet d’évolution de carrière à l’aide d’un parcours modulaire à la carte. Le point sur cette action innovante avec la déléguée régionale Nouvelle-Aquitaine Isabelle Descamps, Marie-Laure Briot, déléguée territoriale Aquitaine et Anthony Brottier, délégué territorial Poitou-Charentes.

Pourquoi avoir déployé ce dispositif d’accompagnement ?

Isabelle Descamps : CREP fait suite à un premier dispositif créé en 2017 dont il se veut la continuité et l’amélioration. Ce dispositif revêt une importance symbolique à nos yeux car il est le premier construit collectivement à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine suite au nouveau découpage administratif de l’ANFH. Il s’adresse à tout agent souhaitant poursuivre un projet d’évolution professionnelle ou qui entame une réflexion sur son parcours. 

Anthony Brottier : Il y avait une demande des établissements pour qui le bilan de compétences ne s’avérait pas toujours être l’outil le plus adapté. Nous voulions sortir de la configuration binaire qui met en relation l’agent et l’organisme de formation afin de proposer un dispositif qui fait intervenir un psychologue du travail et au sein duquel les établissements employeurs sont partie prenante.

Isabelle Descamps : Nous avons également souhaité proposer un dispositif qui se mette à l’écoute des agents et de la singularité de chaque parcours en proposant plusieurs modules « à la carte ».

Marie-Laure Briot :  Afin de sécuriser le parcours d’évolution professionnelle, nous proposons désormais des périodes d’immersion en milieu de travail (IMT) pour les agents. Prescrites à la grande majorité des personnes qui rejoignent le dispositif, ces immersions sont appréciées des agents qui peuvent ainsi découvrir si leur projet d’évolution professionnelle rentre bien en adéquation avec la réalité du métier ou du poste envisagé.

Comment l’agent construit-il son parcours modulaire ?

M.L Briot : Les agents sont d’abord conviés, en groupe, à une journée de pré-diagnostic obligatoire. Elle permet de dresser un état des lieux des différents projets en fonction de leur niveau de maturité et des compétences de chacun ainsi que d’anticiper les modalités de financements, ANFH ou autres. L’accompagnement de l’intervenant, un psychologue du travail, permet d’identifier les besoins d’accompagnement des agents et d’aider à prendre la pleine mesure de ce qu’ils doivent entreprendre en matière de certification ou de remise à niveau.

I. Descamps : Passé ce premier module de pré-diagnostic, quatre autres modules sont proposés en fonction de l’avancement et de la maturité des projets. Le module 2 consiste par exemple en une phase exploratoire où il est possible de réaliser un bilan professionnel afin d’identifier ses aptitudes et ses compétences. Si l’agent est déjà avancé sur ces questions, il peut rejoindre directement le module 3 pour élaborer son projet professionnel. Le module 4 le prépare à l’entrée en formation et lui apporte une aide à la reprise d’études. Si besoin l’agent peut également développer ses compétences de bases dans le cadre du dispositif Compétences clés « 4C ». Enfin, en cas d’entrée en formation, un 5^e module est proposé afin de suivre l’agent lors de son parcours de formation et/ou lors de la reprise de poste.

Quel bilan tirez-vous des premières années du dispositif ?

A. Brottier : En 2023, en regroupant les groupes des délégations d’Aquitaine, du Limousin et de Poitou-Charentes, nous avons suivi 70 agents. Ce chiffre devrait augmenter en 2024 pour dépasser les 80. Parmi eux on distingue principalement des agents en situation d’inaptitude ou de handicap mais également des personnels en réflexion pour un projet de seconde partie de carrière.

Le CREP a par exemple bénéficié à une ASH de 53 ans en situation de maladie professionnelle qui, après plus de 30 ans au sein de la FPH dont plus de 10 ans sans exercer, a aujourd’hui réussi sa reconversion en tant que secrétaire de mairie.

De nombreux agents qui rejoignent notre dispositif ont évolué pendant plusieurs décennies au sein du même milieu professionnel. Il y a tout un travail à faire sur les appréhensions face à une reprise d’études ou de formation. Il faut parfois faire un travail d’introspection et de deuil du seul métier que l’on a connu jusqu’alors afin d’accepter le changement et regagner confiance en soi. Cette dimension psychologique fondamentale est un important levier de réussite.