ANFH Île-de-France

« Soutenir les projets professionnels et personnels des agents »

Le développement des compétences clés en situation de travail était l’une des ambitions du projet stratégique 2020-2024 de l’ANFH. Celle-ci s’est traduite par le déploiement à l’échelle nationale du dispositif « 4C », pour « des clés pour des connaissances, des compétences et une carrière ». Il témoigne de l’arrivée à maturité d’une démarche expérimentée dès 2010 par l’ANFH Île-de-France, afin d’accompagner les agents et les établissements de la FPH dans la sécurisation des parcours professionnels. Déléguée de l’ANFH Île-de-France, Malika Meliani revient sur les origines et l’évolution du dispositif.

 

Quelles ont été les motivations initiales de l’ANFH Île-de-France ?

Malika Meliani : au départ, les établissements ont exprimé une difficulté quant au niveau en français et en mathématiques d’agents de catégorie C engagés dans des préparations de concours, essentiellement pour le diplôme d’aide-soignant. Les lacunes constatées entraînaient des échecs et un sentiment de frustration, pour les professionnels concernés comme pour les équipes d’encadrement. Parmi les agents, un certain nombre de prérequis manquaient sur des compétences de base, mais aussi en matière de postures professionnelles. D’où une volonté de notre délégation de soutenir les publics peu ou pas qualifiés dans l’acquisition de ces compétences en amont de leur parcours de qualification. Il s’agissait également de favoriser le développement des études promotionnelles, qui était une attente commune des directions et des organisations syndicales.

 

Pouvez-vous retracer les étapes de développement du dispositif ?

Des formations générales aux savoirs de base existaient déjà, validées par la certification interprofessionnelle CléA. Mais notre objectif était de proposer une approche pleinement adaptée, d’une part aux spécificités du secteur sanitaire, social et médico-social, d’autre part au niveau de chaque agent.

Le dispositif répondait également à une logique gagnant-gagnant : pour l’agent, il sécurise le parcours. Il l’aide à s’épanouir dans sa vie professionnelle et personnelle, à mieux comprendre et respecter les consignes et les procédures liées à son métier. Il favorise aussi son aisance durant la formation et, dans certains cas bien que très rares, l’obtention d’un diplôme. Pour l’établissement, il contribue à la qualité d’accueil et de prise en charge des patients.

La toute première expérimentation a été menée à l’EHPAD La Seigneurie (Pantin). Après une évaluation initiale de leurs besoins, ses agents ont bénéficié de 200 heures de formation sur un an, à raison de 7 heures hebdomadaires. En 2011, l’initiative a été récompensée par le prix ANFH.

Entre 2011 et 2014, un premier marché est lancé à l’échelle régionale, suivi d’un marché « Compétences clés pour travailler en établissement de santé » pour la période 2016-2019. Ce dernier a permis de faire évoluer le dispositif par l’introduction d’un volet sensibilisation, afin de soutenir les cadres dans le repérage des besoins et l’accompagnement des agents concernés. C’est une dimension importante pour éviter la stigmatisation et soutenir l’effort d’apprentissage tout au long de la formation, car chez les publics concernés, le retour en formation peut réveiller des souvenirs liés à un vécu scolaire difficile. 

Enfin, à partir de 2021, le dispositif devient « 4C » avec un déploiement à l’échelle nationale, dans le cadre d’un marché « Les compétences clés dans la fonction publique hospitalière ». L’intitulé exprime la volonté de l’ANFH d’élargir le dispositif à tous nos établissements adhérents, quel que soit leur domaine d’activité. 

Français, mathématiques, usages des outils numériques, capacité à apprendre tout au long de la vie, ou encore gestes et postures de base : aujourd’hui, le dispositif 4C permet aux agents de la FPH d’acquérir les compétences clés dans les huit domaines d’un socle de référence. Pour l’équipe de l’ANFH Île-de-France, son succès est une grande satisfaction.

 

UNE DELEGATION PIONNIERE EN MATIERE D’ACHATS DE FORMATIONS 

En 2014, l’ANFH a acquis le statut de centrale d’achats à but non lucratif assurant une activité d’intermédiaire. À ce titre, elle passe des marchés de prestations qui lui permettent de développer une large offre de formations au bénéfice de ses adhérents. Malika Meliani explique comment la délégation ANFH Île-de-France a jeté les bases de cette avancée.

« En 2009, l’ANFH Île-de-France et le Resah (Réseau des acheteurs hospitaliers) ont noué un partenariat expérimental. Dans notre région, des difficultés étaient constatées pour contractualiser les marchés de formation : nos ressources internes étaient alors insuffisantes pour structurer cette activité. Groupement d’intérêt public, le Resah avait le statut de centrale d’achats, avec une spécialisation sur les médicaments et les dispositifs médicaux. L’idée était de bénéficier de son expertise d’acheteur pour construire avec lui une offre de formation clés en main, et libérer ainsi les établissements d’une grande partie de la charge administrative liée aux règles de la commande publique. De son côté, l’ANFH apportait son expertise en matière d’ingénierie de formation, sa connaissance du secteur et sa capacité d’analyse des offres de prestations. L’autre bénéfice attendu était l’optimisation des tarifs, grâce au volume des achats atteint avec ce groupement. Le tout dans le respect de l’autonomie de nos adhérents, qui gardaient le choix des prestataires.

Le partenariat a pris fin en 2013, car malgré l’engagement du Resah, nous avons constaté que nos spécificités respectives avaient généré des complications et une difficulté pour nos adhérents à se saisir de l’offre. En revanche, il a permis à l’ANFH de capitaliser une expérience dans le cadre de la structuration de son service Achats et Moyens généraux, conduite par Cécile Pilon à partir de 2009. Notre délégation est montée en compétences, pour les procédures d’achat comme pour l’accompagnement des établissements, avec l’intégration de boîtes à outils encore utilisées aujourd’hui, bien qu’ajustées et mises à jour.

À compter de 2010 ont été mis au point nos premiers cadres de réponses techniques (Bordereaux de Prix Unitaire (BPU) et Document de Consultation des Entreprises (DCE)). Nous avons également commencé à constituer notre réseau d’experts au sein des établissements, afin de travailler sur l’identification des besoins, la rédaction des cahiers des charges ou encore l’analyse des offres. Puis nous avons simplifié les achats groupés avec la mise en place des marchés à bon de commande, autre innovation à l’ANFH. Autant de jalons posés vers le statut de centrale d’achats, acquis en 2014 par notre association. Aujourd’hui, les achats peuvent être réalisés à l’échelle nationale, interrégionale, régionale ou territoriale, au plus près des besoins des établissements et dans un cadre sécurisant pour eux. L’ANFH aura été pionnière en la matière et beaucoup d’opérateurs de compétences, publics comme privés, lui envient sa centrale d’achats. »