Pour accompagner ses établissements adhérents à se préparer aux situations sanitaires exceptionnelles (SSE), l’ANFH Martinique propose depuis 2010 des actions consacrées à la gestion de crise. Cette année, en collaboration avec l’ARS, elle s’apprête à déployer une offre globale sur cette thématique. Les précisions de Laurent Volckmann, délégué régional de l’ANFH Martinique. 

Pourquoi l’ANFH Martinique se mobilise-t-elle autour du sujet de la gestion de crise ? 

Laurent Volckmann : La Martinique est un territoire potentiellement exposé à tous les risques naturels majeurs (éruption de la Montagne Pelée, cyclone, séisme, tsunami, glissement de terrain), aux crises sociétales – comme les grèves de 2009 – ou aux catastrophes industriels (Seveso). Le système de santé se doit d’apporter la meilleure réponse à un afflux massif de victimes, c’est l’une des missions des établissements publics de santé. Dans ce contexte, il est nécessaire de préparer les équipes et les organisations. Et pour cela, rien de mieux que de sensibiliser et de former. 

La gestion de crise est un domaine où il faut constamment sensibiliser car, même si nous savons que des crises vont arriver, nous ne savons pas quand. Plus nous nous entraînons, plus nous serons en mesure de surmonter la crise du mieux possible. 

Comment agissez-vous pour sensibiliser les agents à cette question ? 

La gestion de crise est inscrite dans notre projet stratégique régional depuis 2010. Chaque année nous agissons sur le sujet : média training sur la communication de crise pour les directeurs, développement d’un DU avec l’Université des Antilles… En 2023, nous avons organisé sept journées de sensibilisation auprès des établissements en collaboration avec la Collectivité Territoriale de Martinique, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL), l’ARS, la Croix Rouge, les Mairies et les pompiers. Originalité de ces journées qui ont réunit entre 700 et 800 agents : la présence d’un simulateur de séisme qui peut imiter des tremblements de terre qui se sont réellement produits comme ceux de 2007 en Martinique et de 1939 en Turquie. Nous proposons également des journées de formation à la carte pour rendre opérationnel le plan blanc ou le plan bleu par exemple.

Nous développons actuellement avec l’ARS une offre globale « Gestion de crise » qui s’articulera autour d’un dispositif complet. Deux actions sont en cours de création : un webinaire « Se préparer aux Situations Sanitaires Exceptionnelles (SEE) » et cinq modules de formation en relation avec les SEE : Cellules de crise ; Cellule communication ; Piloter les RH en situation de crise ; Plan de continuité d’activité ; Mutualiser, coopérer en amont au sein d’un GHT. Quatre autres actions existent déjà : une formation-action « Rédiger ses fiches réflexes » ; une action développée par la délégation de Corse sur les cyber-attaques composée de 6 modules de formation et d’un webinaire ; l’alimentation de la rubrique thématique « Gestion de crise » sur Anfh.fr avec plus de 300 ressources – interviews, plans, documents officiels, documents juridiques, guides… - pour se préparer et s’auto-évaluer. Enfin, nous avons créé l’année dernière un serious game « Se préparer à la gestion de crise ».

En quoi consiste ce nouveau serious game ?

Cette formation numérique a pour but de sensibiliser le plus grand nombre d’agents aux SEE, de renforcer ou de forger leur culture du risque et de les aider à intégrer les bons réflexes. Elle se présente sous la forme de quatre scénarios « Accident & Cyberattaque », « Tempête », « Incendie » et « Séisme » accessibles sur notre plateforme de formation en ligne. Dans ces scénarios, qui durent une vingtaine de minutes chacun, les joueurs sont confrontés à un flot d’informations continu et à des situations qui les interrogent. Les agents doivent prendre des décisions et prioriser des actions. Il n’y a pas de partie parfaite, il faut s’en sortir le moins mal possible. Comme dans la réalité, il faut réfléchir, s’adapter, faire des choix, raisonner en équipe et connaître ses forces.