ANFH GRAND-EST

« Valoriser les projets de formation innovants à l’échelle régionale »

Afin de soutenir des actions de formation novatrices et proposées par les établissements, l’ANFH Grand Est a mis au point un appel à projets régional complémentaire de son offre de services. Il s’adresse à tous les établissements adhérents au plan de formation, quelle que soit leur taille. Délégué de l’ANFH Grand Est, Jean Gournay présente le dispositif déployé en collaboration avec les délégations territoriales d’Alsace et de Lorraine.

 

Pourquoi cet appel à projets régional ?

En 2019, notre délégation a décidé de consacrer des fonds mutualisés régionaux au financement de projets de formations au caractère innovant ou structurant. Des appels à projets existaient déjà à l’échelle territoriale, mais nos instances ont souhaité étendre la démarche aux trois délégations du Grand Est (Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine), qui regroupent plus de 200 établissements.

Notre volonté était également de l’ouvrir à l’ensemble des structures, quelle que soit leur taille ou leur activité. Le dispositif encourage les projets associant plusieurs établissements, afin de favoriser les coopérations et les synergies. Les fonds mutualisés de l’ANFH sont souvent mobilisés pour l’appui aux petites structures, dont les plans de formation ne permettent pas facilement de consacrer des budgets à des actions collectives. Or, les évolutions de l’hôpital ayant entraîné des regroupements de structures, les établissements de taille importante ont aussi un besoin de co-financement : cet appel à projets leur permet de lancer des actions communes, par exemple à l’échelle d’un GHT ou d’une direction commune.

Nos instances paritaires régionales apprécient la valeur ajoutée des projets de formation sur la base de critères qui ont fait l’objet d’un travail d’objectivation approfondi : ils doivent impliquer une évolution des modes de prise en charge, de nouvelles modalités pédagogiques, un accompagnement au changement, ou encore des modifications organisationnelle.

 

En quoi ce dispositif a-t-il fait évoluer l’action de votre délégation ?

Une thématique de formation qui concerne un grand nombre d’établissements fait l’objet d’achats de l’ANFH et est intégrée au plan d’actions régional. L’appel à projets complète cette intervention, en offrant des réponses aux besoins propres à un établissement ou à un groupe d’établissements. Il permet également à nos adhérents d’être acteurs de l’offre et de l’expérimentation de thématiques déployées en proximité. Notre financement peut atteindre 10 000 € pour un projet porté par un établissement, et davantage encore pour un projet de plus grande ampleur impliquant plusieurs établissements. Par ailleurs, les conseillers formation de nos délégations territoriales peuvent intervenir en appui à l’ingénierie du projet, en amont d’un dépôt de dossier. C’est intéressant pour les structures dépourvues de ressources techniques internes, par exemple pour travailler sur le cahier des charges.

 

Cinq ans après la mise en place de cet appel à projets, quel bilan en tirez-vous ?

Entre 2020 et 2024, 170 dossiers ont été financés pour un soutien total de 1,4 M€. Le dispositif a pleinement trouvé sa place dans notre offre de services et au-delà des chiffres, il a un effet levier pour la réalisation d’actions de formations qui ne pourraient pas se concrétiser sans notre co-financement, en particulier dans les petites structures.

Parmi les retombées positives, citons également l’intégration, au plan de formation de certains GHT, d’actions initialement construites en coopération inter-établissements, dans le cadre de l’appel à projets.

Au chapitre des perspectives, il y a matière à capitaliser sur les actions qui ont bien fonctionné, pour les intégrer à terme dans notre plan d’actions régional. Nous avons commencé à le faire, par exemple en proposant une formation basée sur une simulation du vieillissement, menée initialement au sein d’un EHPAD pour faire expérimenter à ses professionnels la situation de dépendance.

À l’image du prix national de l’ANFH, les projets novateurs menés à l’échelle régionale méritent vraiment d’être valorisés.

 

Deux exemples d’actions soutenues dans le cadre de l’appel à projets

- Dans un EHPAD, une initiation à la médiation animale a apporté une alternative thérapeutique dans l’accompagnement de la personne âgée. La formation visait à savoir repérer et maintenir ses capacités cognitives et fonctionnelles en tirant les bénéfices de la présence d’un animal tel que le chien, mais également à mettre en œuvre la médiation en ayant connaissance des techniques, restrictions et conditions d’application.

- Au sein d’un CHU, l’encadrement a été sensibilisé à l’initiation d’une démarche de recherche en soins afin de structurer une gouvernance autour de la recherche paramédicale, de développer une culture de la recherche paramédicale et de favoriser le développement de projets de recherche et de communication.

 

ANFH ALSACE
« Rompre l’isolement du personnel infirmier »

Outre les actions menées dans le cadre de l’appel à projets régional, les délégations territoriales de la région Grand Est sont à l’origine de nombreuses autres initiatives. C’est le cas en Alsace où l’ANFH accompagne les infirmières et infirmiers des établissements dans leur qualité de vie au travail grâce à des animations en lien avec les problématiques de leur quotidien. Les explications de Anne Sigrist, déléguée de l’ANFH Alsace.

« Plusieurs établissements sociaux et médico-sociaux de notre territoire nous ont fait remonter une problématique rencontrée par un certain nombre d’infirmiers diplômés d’État en exercice : un sentiment d’isolement ressenti car seul professionnel à exercer ces missions au sein de leur établissement - et par conséquent sans être rattaché à une équipe pluridisciplinaire - et un besoin d’échanges de pratiques entre pairs afin de partager les situations rencontrées et les difficultés vécues. Pour répondre à ce besoin, notre délégation a organisé en avril 2024 un « atelier d’Échanges de Pratiques IDE" dans nos locaux, ouvert aux infirmiers et infirmières exerçant dans ce type d’établissements. Nous avons privilégié la formation d’un petit groupe de six participants pour favoriser les échanges. 

Au programme de cette journée animée par un cabinet de conseil spécialisé sur les thématiques de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) et de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : partage de constats et remontée des ressentis sur la thématique de l’isolement, clarification des conséquences et des risques à ce sujet et piste de solutions co-construites entre participants à partir des cas concrets évoqués au cours de la journée. Les retours des participants ont été très positifs. Ils ont souligné l’intérêt de ce temps d’échange et de rencontre entre collègues partageant les mêmes problématiques.

Une seconde journée est donc prévue en novembre de cette année pour maintenir le lien et la dynamique instaurée au sein du groupe. Nous travaillons aussi à dupliquer ce format pour d’autres professions, notamment les assistantes et assistants de service social. »

 

ANFH LORRAINE
« Des actions pour prévenir les risques professionnels »

Délégué de l’ANFH Lorraine, Charles Roesch détaille un dispositif de prévention des risques liés à l’activité physique, déployé dans le cadre l’appel à projets régional.

À l’origine, un constat fait par le CHRU de Nancy : « Au sein de cet établissement, comme dans de nombreux autres centres hospitaliers, on enregistre une forte prévalence d’accidents du travail en tout début de prise de poste, notamment pour les ASH (agents des services hospitaliers) » explique Charles Roesch, délégué de l’ANFH Lorraine. En cause ? Certaines manutentions et le port de charges. « Pourtant la communauté médicale estime que ces accidents seraient tout à fait évitables grâce à un échauffement dédié et à l’adoption de bonnes postures » poursuit-il.

Dans le cadre de l’appel à projets régional, une formation-action de prévention des risques par la pratique sportive a ainsi été mise en place en 2024 afin de remédier à cette problématique. Déclinée auprès de quatre établissements (le CHRU de Nancy et les centres hospitaliers de Pompey, de Pont-à-Mousson et de Toul), cette formation d’une heure trente a lieu deux fois par semaine auprès de groupes d’une quinzaine d’agents volontaires au moment de leur prise de poste. « Elle consiste en une initiation aux bonnes pratiques d’échauffement en lien avec la physiologie des muscles et des os qui sont sollicités dans la pratique professionnelle des agents. Cela doit permettre de diminuer fortement l’accidentologie et constitue également un facteur de qualité de vie au travail (QVT) » détaille le délégué territorial. Au total, plus d’un millier de salariés ont déjà été formés au sein des établissements engagés dans le dispositif. « L’objectif est de tendre vers une couverture de l’intégralité des personnels en prise de poste qui pourront capitaliser sur cette formation tout au long de leur carrière » ajoute Charles Roesch.