ANFH Océan Indien

« Offrir des perspectives professionnelles aux agents sans qualification »

Pour permettre aux agents de la FPH dépourvus de primo-qualification d’évoluer dans leur carrière, la délégation ANFH Océan Indien a conçu un Diplôme d’Accès aux Études Universitaires (DAEU) métiers de l’hôpital en partenariat avec l’université de La Réunion. Accessible depuis quinze ans, il a offert de nouvelles perspectives professionnelles à des centaines d’agents réunionnais et mahorais. Présentation du dispositif avec Guillaume Brionne, délégué de l’ANFH Océan Indien.

C’est vers 2008 qu’a débuté la réflexion : « Certains agents de notre territoire avaient été titularisés lors du changement de statut d’établissements où ils étaient employés hors statut de la FPH, ou bien à l’occasion de la création d’établissements, explique Guillaume Brionne. Or, nombre d’entre eux étaient sans diplôme et se trouvaient donc privés de la possibilité d’évoluer dans leur carrière, car il faut au moins le niveau baccalauréat pour passer des concours dans la FPH. »

 

Une seconde chance pour les agents sans qualification

Créé en 1994, le Diplôme d’Accès aux Études Universitaires (DAEU) fait figure de seconde chance pour les personnes qui ont quitté le système scolaire avant l’obtention du baccalauréat. En donnant à ses titulaires les mêmes droits que ceux qui s’attachent à celui-ci, il leur permet de poursuivre des études supérieures ou d’accéder à des concours qui exigent le niveau bac. « Pour répondre au besoin, notre choix s’est porté sur la prise en charge de ce diplôme, qui se prépare à l’université durant un an. L’enseignement se compose d’un tronc commun avec les matières essentielles que sont le français, les mathématiques, l’anglais et l’informatique, pour une durée minimum de 240 heures, détaille Guillaume Brionne. Il n’existait pas de DAEU spécifique à notre secteur : nous avons donc proposé à l’université de La Réunion de le compléter d’un parcours métiers de l’hôpital, dont l’ANFH a porté l’ingénierie pédagogique. »

Dispensées par des formateurs de l’Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), les 60 heures de cours de la spécialité visent l’acquisition d’une culture hospitalière : connaissance de la FPH, compréhension des droits et devoirs des agents, secret professionnel, hygiène… « Des notions pas évidentes pour des agents qui n’ont pas reçu de qualification. » Et parce que la marche peut s’avérer trop haute pour ceux dont la scolarité a été la plus difficile, une remise à niveau de 200 heures permet de consolider des connaissances de base avant d’intégrer les cours l’année suivante. « C’était important pour Mayotte, où le niveau de qualification de la population est plus bas qu’à La Réunion et le taux de réussite au baccalauréat de 45 %, précise Guillaume Brionne. L’université réalise des tests de positionnement pour s’assurer que les candidats ont le profil, car un niveau équivalent à celui de la classe de seconde ou de première est requis. Initiée en 2021, cette remise à niveau a donné des résultats probants, avec quasiment 100 % de réussite atteint au DAEU pour la première promotion de 20 élèves. »

 

Une formation adaptée aux besoins locaux

Avec un taux de réussite global supérieur à 80 %, la démarche d’abord lancée à La Réunion a ouvert chaque année de nouvelles perspectives professionnelles à une vingtaine de diplômés. Signe que l’objectif a été atteint, Guillaume Brionne y constate un tarissement de la demande. « En revanche, à Mayotte où il est en place depuis trois ans, le DAEU devrait se prolonger, car 200 à 300 agents de catégorie C restent encore sans qualification. Les candidats sont souvent en poste depuis vingt ans et il n’est pas rare qu’ils passent le diplôme au moment où leurs enfants passent leur baccalauréat, ce qui donne à l’événement un fort retentissement. Et pour quelqu’un qui n’a pas son bac, se rendre à l’université a quelque chose de valorisant. »

Autre spécificité, la région placée au carrefour de migrations mêle des populations aux cultures et religions multiples. « Cela n’est pas sans incidence dans l’exercice de nos métiers, notamment dans le rapport au soin et au corps, relève Guillaume Brionne. Afin de sensibiliser les personnels et de faire de cette diversité un atout au service des soignants et des patients, le DAEU métiers de l’hôpital comporte ainsi un module intitulé Sociétés plurielles de l’Océan Indien. » Ce souci d’adaptation au contexte local incite aujourd’hui la délégation à envisager l’ajout au parcours métiers de l’hôpital d’une formation dédiée aux interprètes, pour une meilleure prise en charge des populations migrantes.