ANFH AUVERGNE - RHÔNE - ALPES

« Une offre développement durable et RSE adaptée aux besoins de chaque établissement »

Comme l’ensemble de la société, le secteur sanitaire, social et médico-social est concerné par le défi écologique. Au-delà des obligations réglementaires qui s’imposent aux établissements de la FPH, les enjeux propres au développement durable et à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) leur offrent des opportunités de repenser leurs pratiques de manière transversale, avec des retombées positives pour les agents et les patients. Délégué régional Auvergne-Rhône-Alpes, Philippe Gosset était également responsable du groupe de travail Développement durable et RSE mis en place par l’ANFH à l’échelle nationale. Il détaille l’offre de services de l’association, qui se complète d’accompagnements à la carte proposés par les délégations du sud.

 

Quel état des lieux faites-vous du déploiement des politiques de développement durable dans les établissements ?

Globalement, le niveau d’avancement de la démarche varie beaucoup selon les régions et les structures. Mais les enjeux et bonnes pratiques commencent à se diffuser assez largement. Les établissements ont pris conscience que ce nouveau paradigme répond non seulement à des préoccupations telles que le climat ou la biodiversité, mais qu’il pourrait permettre également de réaliser des économies.

C’est vrai par exemple dans le domaine de l’écoconception des produits, qui vise à prévenir la pollution et l’épuisement des ressources naturelles, tout en assurant une meilleure efficience des soins et en favorisant des réductions de coûts. Mais aussi de la lutte contre le gaspillage alimentaire, qui monte en puissance dans les EHPAD par exemple où l’on analyse ce qui est réellement consommé, afin d’adapter les quantités pour chaque résident. Grâce aux économies ainsi réalisées, des établissements peuvent recourir à des produits plus qualitatifs et appréciés par les résidents comme par les cuisiniers, dont la mission est rendue plus valorisante, ou effectuer des investissements RSE.

Compte tenu des disparités que l’on peut observer entre les territoires et les établissements, l’ANFH a développé une offre adaptée au contexte et aux besoins de chacun.

 

De quelle manière répondez-vous à ces besoins ?

Au titre de son offre nationale, notre association propose depuis deux ans à l’ensemble de ses adhérents un webinaire de sensibilisation généraliste consacré au déploiement d’une politique de développement durable (DD). Il permet notamment d’identifier le contexte réglementaire, ainsi que les enjeux et outils mobilisables pour son établissement. Trois autres webinaires viennent le compléter, dédiés au diagnostic DD, au plan d’actions et à la mise en œuvre des actions.

Sur ce volet sensibilisation, nous sommes allés plus loin en publiant en ligne une boîte à outils complète, qui permet de cerner l’essentiel des obligations réglementaires, des principes, des outils et des pistes d’action pour chaque thématique relevant du DD (lire encadré).

« Soutenir la mise en place d’une politique DD transversale et mobilisatrice pour les équipes, avec à la clé un impact plus important »

Par ailleurs, l’ANFH a lancé des formations aux achats durables et éco-responsables, domaine essentiel dans la mise en œuvre des politiques DD des établissements. Elles s’adressent d’une part aux directeurs des achats (module d’une journée), d’autre part aux acheteurs, juristes et prescripteurs (module de trois jours).

En complément de ces offres nationales, les délégations du sud ont souhaité proposer des actions d’accompagnement des établissements, dans le cadre de l’appel à projets de l’ANFH. À ce titre, nous accompagnons la réalisation du diagnostic et du plan d’actions, avec la prestation de conseil d’un consultant spécialisé pour une durée de cinq à dix jours, voire plus si nécessaire. 

Ainsi, l’appui à nos adhérents se développe grâce à une offre spécifique aux filières hospitalières : accompagnement des maternités dans l’obtention d’un écolabel, évolution de leur protocole d’hygiène vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement ou mise en place de formations-action sur le gaspillage et les circuits courts alimentaires. Une réelle plus-value réside dans le soutien apporté à la mise en place d’une politique DD transversale et mobilisatrice pour les équipes, avec à la clé un impact plus important. 

À l’échelle de la délégation Auvergne-Rhône-Alpes, les résultats sont encourageants : sur la période 2022-2023, près d’une centaine d’établissements ont participé à l’un de nos quatre webinaires, tandis que 25 d’entre eux ont bénéficié de 36 accompagnements thématiques.

 

Une boîte à outils pour agir

Pour aider ses adhérents à œuvrer concrètement en faveur du développement durable et de la RSE, l’ANFH met à leur disposition une boîte à outils multisupports. Gaspillage alimentaire, gestion des déchets, achats responsables, énergie, écoconception des soins ou encore hygiène des locaux : autour de dix thématiques clés, elle regroupe des fiches synthétisant des informations essentielles, ainsi que des podcasts, vidéos et retours d’expérience qui détaillent des bonnes pratiques et présentent les démarches menées par des établissements. 

Découvrir la boîte à outils développement durable et RSE de l’ANFH :
https://www.anfh.fr/thematiques/developpement-durable-et-responsabilite-societale-des-etablissements-rse

 

Le regard de Lionnel Decultieux, nouveau délégué territorial Alpes

« Quel que soit son secteur d’activité, on doit être sensibilisé au développement durable et à la RSE. Il faut encourager nos établissements à s’y engager. » Arrivé à la tête de la délégation Alpes en mai 2024, Lionnel Decultieux a rejoint l’ANFH après vingt années passées dans des structures de formation au service des jeunes, des salariés et des entreprises dans différents secteurs d’activité, de l’agroalimentaire à l’aéronautique en passant par l’automobile. Après la loi du 5 septembre 2018 "pour la liberté de choisir son avenir professionnel", il décide de « découvrir un autre pendant de la formation » et intègre un OPCO avant de rejoindre l’ANFH. Ce qui l’anime ? Développer les compétences des agents. « Avec l’ANFH, restée OPCA, je trouve un espace d’expression et une marge de manœuvre intéressante : d’importants moyens pour déployer une offre de services nationale et pour mener des projets régionaux expérimentaux. » La priorité du nouveau délégué à court terme : « Accompagner les établissements alpins afin qu’ils s’approprient au mieux notre offre de services et optimisent leur budget. »

 

ANFH RHÔNE
« Accompagner les transformations des métiers induites
par les progrès de l’intelligence artificielle »

L’actualité témoigne régulièrement du développement accéléré de l’intelligence artificielle (IA). Ses avancées spectaculaires questionnent le monde de la santé, tant pour leur impact sur les métiers de l’hôpital que sur le plan éthique. Pour accompagner les adhérents dans leur acculturation aux enjeux et opportunités de l’IA, l’ANFH a mis au point une offre de services actuellement déployée dans quatre régions. Au sein de la région Auvergne-Rhône-Alpes préexistait une dynamique inter-CHU, qui lui a permis d’être en pointe sur le dispositif. Délégué


Quels sont les enjeux propres à l’IA dans le monde de la santé ?

Le développement de l’IA interroge la société dans son ensemble. Dans le secteur hospitalier, elle va transformer les métiers à un niveau qu’il est encore impossible d’évaluer aujourd’hui, tant les potentialités sont énormes. Mais l’IA est déjà un sujet majeur pour les établissements de toutes tailles, avec des applications tangibles dans des domaines très diversifiés.

Il est donc important d’avoir une approche stratégique du déploiement de l'IA, afin de prioriser les projets en fonction de leur potentiel d’amélioration de la qualité des soins, d’optimisation de l'efficience opérationnelle des établissements de santé et de retour sur investissement.  

À cela s’ajoute une concurrence entre acteurs publics et privés, mais également à l’échelle internationale.

L’enjeu est donc d’accompagner toutes ces transformations de fond, qui sont incontournables.

 

Comment l’accompagnement de l’ANFH s’est-il déployé ?

La région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) a bénéficié d’une dynamique porteuse, avec le rassemblement de ses quatre CHU (Grenoble Alpes, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne et Hospices Civils de Lyon) au sein du Groupement de coopération sanitaire Hôpitaux Universitaires Rhône-Alpes Auvergne, le GCS HOURAA.

En 2023, le GCS a été lauréat de l’appel à projets relatif à l'accompagnement et au soutien à la constitution d'entrepôts de données de santé, dans le cadre du plan d’investissement France 2030. Ses établissements ont fait le choix fort de co-construire une solution partagée interopérable, pour la constitution d’un hub régional assurant le décloisonnement des données détenues par chacun et leur exploitation à l’échelle régionale.

Qu’elle soit native ou générative, l’IA repose avant tout sur l’exploitation d’un « stock de données ». Ce projet ambitieux a donc fait figure de socle pour l’élaboration par l’ANFH de formations à l’IA, avec pour objectifs de sensibiliser les professionnels des quatre CHU et de créer une communauté régionale pouvant porter des projets au service de l’amélioration de la qualité des soins et du pilotage des établissements.

En 2023, le GCS a adhéré au dispositif proposé par l’ANFH, ce qui a permis l’organisation d’un premier cycle de quatre journées de sensibilisation globale accueillies par chaque CHU, auxquelles ont été invités tous les établissements de santé. Des cas d’usages concrets de l’IA par des professionnels y ont été présentés : par exemple, l’analyse des mouvements des prématurés au CHU de Saint-Étienne, afin de détecter de possibles atteintes neurologiques. Dans ce domaine, l’IA permet de sélectionner et de stocker de manière automatique les séquences filmées durant lesquelles l’enfant accomplit des gestes qui peuvent questionner le corps médical, avec à la clé un gain de temps conséquent pour le travail d’interprétation.

Nous proposons également des ateliers thématiques, pour avancer sur cinq domaines majeurs identifiés par le GCS et qui ne concernent pas uniquement le soin : pharmacie et plateau médico-technique ; imagerie médicale ; logistique et management ; entrepôts de données de santé ; cadres réglementaires et protection des données de santé.

Le dispositif se développe par ailleurs dans les régions PACA, Corse et Occitanie, avec l’accompagnement de projets qui sont en cours de déploiement dans plusieurs établissements.

« Les enjeux en termes d’évolution des métiers et des compétences sont considérables »

 

Comment les professionnels du monde du soin perçoivent-ils les avancées de l’IA ?

J’observe des interrogations, parfois des inquiétudes. La protection et l’utilisation de la donnée recouvrent des problématiques éthiques peut-être plus fortes encore dans le domaine de la santé que dans d’autres secteurs. Mais les perspectives ouvertes par l’IA suscitent aussi de l’enthousiasme, par exemple dans le domaine de la relation au patient : contrairement à ce que l’on peut penser spontanément, l’IA pourrait aider les professionnels à réinvestir celle-ci en les libérant de tâches techniques ou administratives souvent chronophages. Ce temps gagné pourrait être profitable à la qualité du soin et à la relation au patient

Actuellement, nous sommes dans une phase de sensibilisation et d’interrogation des pratiques de chacun. À terme, l’objectif est aussi pour l’ANFH d’accompagner l’ensemble des professionnels des établissements dans l’évolution de leurs métiers et l’acquisition de nouvelles compétences. Cela concerne l’ensemble des professionnels, qu’ils soient médicaux ou non médicaux, qu’ils travaillent dans la filière soignante ou dans d’autres filières.

Prenons l’exemple de la formation. L’IA native est déjà intégrée dans le paysage de la formation, mais le métier des professionnels de la formation au sein des établissements est amené à évoluer avec les progrès de l’IA générative. À terme, l’enjeu sera peut-être de former des experts-métier qui savent faire à l’appel à elle pour élaborer des formations ou pour établir leurs commandes auprès d’organismes de formation spécialisés. Nous sommes pleinement dans le domaine de la GPMC et de l’appui à la gestion RH, qui sont au cœur de la mission de l’ANFH.