Stratégie décennale des soins d’accompagnement
La stratégie décennale des soins d’accompagnement, pour le renforcement des soins palliatifs, de la prise en charge de la douleur et de l’accompagnement de la fin de vie, a été présentée par le ministère du travail, de la santé et des solidarités lors du Conseil des ministres du 10 avril 2024.
Élaborée à partir du rapport d’expertise Vers un modèle français des soins d’accompagnement (Cf. article du 11/12/2023), elle a pour ambition de bâtir un modèle français des soins d’accompagnement en conduisant à renforcer les dispositifs de prise en charge hospitalière et à développer une offre complémentaire, en particulier à domicile et en établissement médico-social, permettant d’assurer un parcours de soins progressif et mieux réparti sur le territoire.
Le passage du concept des soins palliatifs aux soins d’accompagnement doit permettre d’anticiper la prise en charge des patients dès le diagnostic de la maladie, et de l’élargir à tous les besoins médicaux et non médicaux, ainsi qu’à l’accompagnement de l’entourage, et apporter trois évolutions :
- favoriser une prise en charge anticipée des malades chroniques
- renforcer l’accompagnement des patients, au-delà des aspects médicaux, par l’ouverture à d’autres dimensions (sociale, psychologique, spirituelle, attention à l’entourage) et le plus proche possible de leur domicile
- soutenir, avec le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’émergence d’une filière de formation universitaire en médecine palliative, ce qui est indispensable pour engager l’effort décisif de formation qu’il est nécessaire de déployer rapidement.
La stratégie décennale sera articulée autour de 4 objectifs, déclinés en 30 mesures :
- Objectif 1 - Garantir un accès plus juste aux soins d'accompagnement
- Pour répondre aux besoins croissants de soins palliatifs, de prise en charge de la douleur et d'accompagnement de la fin de vie, adaptation et élargissement de l’offre de soins palliatifs dans tous les territoires.
- Objectif 2 - Mobiliser l'ensemble de la société
- Prise en charge de la douleur et l'accompagnement de la fin de vie en impliquant, au-delà des soignants, tous les acteurs, notamment les bénévoles, afin de renforcer les solidarités.
- Objectif 3 - Développer la recherche et la formation
- Création d'une filière d'expertise en médecine palliative et d'accompagnement.
- Objectif 4 - Piloter tous les acteurs
- Création d’un comité scientifique d’orientation de la recherche et de formulation des bonnes pratiques et mise en place une instance de gouvernance, de pilotage et d’évaluation de la stratégie.
14 des 30 mesures sont issues du rapport d’expertise, repris dans sa quasi-intégralité. Ces mesures permettront d’amorcer puis de renforcer l’évolution nécessaire de la prise en charge des patients pour, d’abord, soutenir et accompagner la prise en charge thérapeutique, puis la fin de vie.
Focus « Objectif 3 - Développer la recherche et la formation »
Mesure 25 - Former les professionnels et renforcer les leviers de formation existants
- Inclusion d’un module spécifique dans les maquettes universitaires
- Développement de la formation continue
- Mieux pourvoir les places en formation spécialisée transversale (pourvue à 90 % aujourd’hui)
Mesure 26 - Recruter des universitaires dans chaque université
- Création d’une filière avec l’ouverture de 300 postes :
- 100 postes de chefs de clinique (dont 10 dès début 2024)
- 100 postes d’universitaires titulaires (10 par an à partir de 2025)
- 100 postes d’assistants spécialistes.
Mesure 27 - Donner une réelle reconnaissance universitaire à la médecine palliative et d’accompagnement
- Création d’un diplôme d’études spécialisée (DES) de médecine palliative et soins d’accompagnement d'ici le terme de la stratégie
Mesure 28 - Développer et soutenir la recherche
- Création d’un programme interdisciplinaire prioritaire de recherche en soins d’accompagnement définissant des orientations stratégiques et un budget associé à cinq et à dix ans. Objectif : faire émerger 3 équipes de recherche médicale (INSERM) ou de sciences humaines et sociales (CNRS) d’ici 10 ans.