Cartographie des métiers : un outil précieux au service de la GPMC pour les établissements, l’ANFH et ses partenaires

Offrant une photographie exhaustive des métiers exercés par 82 % des agents de la Fonction publique hospitalière (FPH), la cartographie des métiers de l’ANFH est un élément indispensable pour la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences (GPMC). Mickaël Eveno, Responsable Connaissance Clients à l’ANFH, revient sur le dispositif, ses résultats et ses enjeux.

Amorcée en 2018, la deuxième vague de la cartographie des métiers recouvre treize délégations régionales et 23 des 26 délégations territoriales de l’ANFH. Plus de la moitié des établissements de la Fonction publique hospitalière (FPH), soit 51 % d’entre eux, ont participé à cette étude qui a permis de collecter ou d’actualiser des données recouvrant 82 % des agents en activité.

Cette deuxième vague a également permis de recueillir les données plus fines sur les spécialités médicales. « Actuellement, trois régions, Océan Indien, Corse et Île-de-France, mettent à jour leur cartographie dans le cadre d’une troisième vague, explique Mickael Eveno, Responsable Connaissance Clients à l’ANFH. Fin 2022, les données consolidées nous offriront au niveau national un panorama complet des métiers et spécialités exercés dans la FPH. »

 

Des données de plus en plus fines sur les métiers de la FPH

Dès 2010, la cartographie des métiers a d’abord concerné deux régions pilotes, avant d’être généralisée progressivement à l’ensemble du territoire. « Au départ, l’enquête couvrait seulement les personnels non médicaux, précise Mickael Eveno. Nous avons ensuite élargi le périmètre aux personnels médicaux, afin notamment de mieux identifier les spécialités en tension et les besoins en spécialités à 3-5 ans. » Aujourd’hui, la cartographie des métiers des personnels médicaux et non-médicaux permet de visualiser facilement un grand nombre d’informations relevant de nombreux sujets : les métiers les plus exercés et ceux en tension, le profil des soignants selon la catégorie ou le sexe, la pyramide des âges par métier afin d’anticiper les départs en retraite, le taux de faisant-fonction, le taux d’encadrement, etc.

Fournissant des données stratégiques et inédites, les deux premières vagues de cartographie ont été co-financées par les fonds mutualisés de l’ANFH avec l’appui de partenaires tels que des ARS, des conseils régionaux ou encore des observatoires du secteur sanitaire et social, comme Défi Métiers en Île-de-France ou Emfor en Bourgogne-Franche-Comté. Elles ont aussi permis à l’ANFH d’agir en concertation avec les délégations régionales de la Fédération hospitalière de France (FHF). « La cartographie est devenue indispensable pour les acteurs de la santé, du social et du médico-social. Afin que les données reflètent le plus précisément possible la situation des établissements, elle pourra être actualisée régulièrement à partir de 2023, entre le 1er mars et le 31 mai de chaque année. Nous prévoyons d’accompagner les établissements pour une meilleure appropriation des données actualisées, à travers une interface ergonomique et interactive via l’outil Microsoft Power BI. » En outre, l’ANFH œuvre à améliorer encore le taux de couverture de l’étude, avec l’objectif de couvrir 90 à 100 % des agents en activité.

 

Un outil incontournable pour la GPMC

Grâce aux données qu’elle fournit, la cartographie des métiers représente un outil précieux pour les services de ressources humaines des établissements, en charge de la gestion prévisionnelle des métiers et des compétences. « La GPMC établit des scénarios sur l’évolution des besoins des équipes à deux, trois voire cinq ans, en lien avec le projet d’établissement et les lignes directrices de gestion (LDG), comme prévu par la loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019, détaille Mickael Eveno. Dans ce contexte, la cartographie des métiers est incontournable pour identifier les départs en retraite prévus par métier, ou encore les métiers en tension. Elle fournit divers éléments qualitatifs et quantitatifs qui aident à faire l’adéquation entre, d’une part, les besoins en ressources humaines actuels et à venir, et d’autre part les postes à maintenir, créer ou faire évoluer. »

La cartographie permet aussi d’identifier les besoins en formation concernant des métiers en développement (ex. : infirmier en pratique avancée), de nouvelles compétences comme celles nécessaires à la pratique de la télémédecine, ou de nouveaux modes d’exercice. Elle se révèle également utile pour accompagner les agents en mobilité professionnelle, en leur proposant des possibilités de parcours ou de passerelles correspondant aux nouvelles fonctions visées. « La cartographie des métiers représente un peu le B.A.-BA de la GPMC, commente Mickael Eveno. Pour aller plus loin, nous proposons également aux services des Ressources humaines un dispositif intitulé “Management des métiers, emplois et compétences”. Ce dispositif permet d’établir un diagnostic RH complet et un plan de formation-action sur mesure défini en fonction des priorités. » À terme, l’ANFH a pour objectif d’internaliser l’ensemble du processus de cartographie et GPMC au sein du logiciel Gesform Évolution, déjà largement utilisé par les établissements adhérents. Une évolution qui devrait faciliter la démarche d’anticipation et de planification conduite par les établissements à différentes échelles (DRH, Directions, pôles, services, etc.).

 

 « Un outil précieux pour contrecarrer certaines idées reçues » 
Sylvie Tekpo, déléguée régionale ANFH Nouvelle-Aquitaine

« Notre délégation de Nouvelle-Aquitaine compte 285 établissements adhérents. Après une première cartographie des métiers non médicaux en 2015-2016, nous avons réalisé une mise à jour en 2019. Nous avons eu un très bon taux de retour, puisque les réponses des établissements permettent de couvrir 92 % des personnels non médicaux de la FPH sur le territoire.


Pour l’ANFH, cet outil est très utile : il nous aide à élaborer notre politique d’études promotionnelles et, plus largement, notre plan d’actions régional. En effet, la cartographie des métiers permet d’objectiver les tendances concernant les métiers en tension, le nombre de faisant-fonction ou encore l’évolution de la pyramide des âges. Elle contribue aussi à affiner notre connaissance de certains métiers peu représentés (ex. : surveillant de nuit) afin de concevoir des formations à leur intention. Enfin, elle vient démentir certaines idées reçues : par exemple, contrairement à ce qui se dit souvent, les données recueillies montrent que les infirmières exercent bien le métier pour lequel elles ont été formées, et pendant une durée supérieure à dix ans.


J’ajouterais que les informations récoltées par l’ANFH directement auprès de ses adhérents, dans le cadre de la cartographie des métiers, sont également précieuses pour certains de nos partenaires, tels que l’ARS ou les collectivités territoriales. Actuellement, nous encourageons les établissements à s’approprier eux aussi cet outil, en utilisant davantage les données à leur disposition. »

 

« La cartographie des métiers aide à identifier les postes à maintenir, créer ou faire évoluer  »

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