L’apprentissage est un enrichissement
interview
Pauline, apprentie assistante bio-qualité
Apprentie au laboratoire d’hématologie du Groupe hospitalier de la région de Mulhouse Sud-Alsace (GHRMSA), Pauline Jacob prépare un BTS bio-qualité. Aidée par l’ingénieure qualité de son service, elle réalise audits, études et procédures qualité auprès de techniciens biomédicaux. Avec Estelle Gutfreund, sa maître d’apprentissage, elle partage son regard sur sa formation.
Quel bilan faites-vous de l'apprentissage ?
Pauline Jacob : L’apprentissage est d’abord un vrai plus pour ma future vie professionnelle : sortir d’un BTS en alternance montre que j’ai déjà travaillé et que je sais m’adapter. De plus, à l’hôpital, les exigences qualité sont plus importantes que dans le secteur agroalimentaire par exemple, là aussi c’est un atout pour ma carrière que je souhaite poursuivre dans le domaine de la santé. Pour moi, l’apprentissage est un enrichissement. Tous les jours j’acquière des connaissances en plus sur des sujets qui m’ont toujours passionnée comme les cellules ou les causes des maladies. Je prends parfois de l’avance sur les cours. J’ai par exemple déjà réalisé des audits ou une étude des non-conformités. Mes professeurs apprécient également : avec les trois autres alternants de ma classe, nous enrichissons les cours par l’exemple en faisant régulièrement de petits exposés comme sur les process d’utilisation des autoclaves. Je suis épanouie en apprentissage. Depuis que je suis arrivée au GHRMSA, j’ai réussi à surmonter mes difficultés comme ma timidité.
Estelle Gutfreund : L’apprentissage est une réponse à notre difficulté de recrutement : nous sommes proches de la Suisse où les salaires sont plus attractifs. Avec l’apprentissage, l’idée est de former des étudiants et de leur donner envie de rester avec nous. Mon objectif est donc d’intégrer durablement Pauline dans l’équipe. Le rôle de maître d’apprentissage n’est pas anodin, je me considère comme le garant de la réussite des études de Pauline. Régulièrement, je vérifie qu’elle acquière bien les compétences demandées car le reste de sa classe continue à suivre des cours pendant qu’elle est avec nous. Mon rôle est de faire en sorte, qu’à l’issue de ses deux années, Pauline en sache autant voire plus que ses camarades. J’essaye notamment de lui apporter des compétences humaines mais aussi de lui faire prendre de la hauteur, qu’elle replace ses connaissances dans le contexte hospitalier : quels sont les enjeux de ses missions pour les patients et les familles ? L’apprentissage est un enrichissement : le regard de Pauline nous fait parfois nous remettre en question. C’est aussi satisfaisant de la voir progresser et s’épanouir.
Comment se déroule l'apprentissage au quotidien ?
Estelle Gutfreund : Pauline a un portefeuille de compétences à acquérir, en lien avec des missions à réaliser chez nous. Elle n’a donc pas une mission spécifique pour les deux années mais plusieurs petits projets. J’essaye d’adapter son planning à ses besoins mais aussi aux nôtres. Par exemple, la réalisation d'audits est un sujet qui arrive plus tard dans sa formation mais elle a déjà dû s'y intéresser avec nous. Pour pouvoir acquérir l’ensemble des compétences demandées, Pauline ne pouvait pas travailler uniquement dans notre laboratoire. Au quotidien, elle assiste donc principalement Valérie Raymond, l’ingénieure qualité du Pôle Biologie du GHRMSA. Je m’occupe d’organiser l’emploi du temps de Pauline et je fais le suivi de son apprentissage. Nous réalisons notamment un point après chaque période avec nous afin d’évaluer ce qu’elle a fait et quelles compétences elle a développé.
Pauline Jacob : Dernièrement, j’ai participé à la création d’un QCM destiné à évaluer les connaissances et compétences des techniciens du laboratoire et maintenir leur habilitation par le COFRAC dans le cadre de la norme ISO 15189. Mon rôle ne s’arrête pas là car actuellement je soumets le questionnaire puis j’analyserai les réponses. Si nécessaire, je devrais enfin mettre en place des formations. Ma prochaine mission consistera à créer une procédure qualité pour l’unité de thérapie cellulaire qui travaille sur une nouvelle technique de greffons de cellules souches. C’est très intéressant pour moi car c’est une mission typique d’assistante qualité.
Le regard de…Bénédicte Deguille, directrice adjointe des ressources humaines
en charge des politiques sociales et du développement durable
« Avant les grands changements de 2021 et la prise en charge de l’ANFH, nous accueillions quatre apprentis par an. Aujourd’hui, ils sont 19 et notre objectif est de passer à 26 l’année prochaine. Il s’agit de futurs techniciens biomédicaux, de secrétaires médicales, d’aides-soignants ou encore d’un futur ingénieur RSE et développement durable. Cette montée en puissance de notre politique apprentissage n’aurait pas pu se faire sans les nouvelles dispositions réglementaires qui nous permettent de financer le recrutement des apprentis dans le cadre de notre plan de formation. Nous consacrons entre 240 000 euros et 300 000 euros par an à l’apprentissage. L’enjeu pour nous est de réussir à recruter. Nous sommes une structure de taille qui doit assurer environ 700 recrutements chaque année. Or le marché de l’emploi est tendu - sur la filière des soignants mais pas uniquement - et nous sommes en compétition avec la Suisse dans quasiment tous les domaines. Nous avons des besoins en électriciens, cuisiniers, soignants, techniciens biomédicaux, préparateurs en pharmacie mais aussi dans les métiers des ressources humaines, de l’informatique ou des finances. Un apprenti, nous le recrutons comme un professionnel. Nous voyons cela comme une longue période d’intégration, de formation et d’adaptation avant un contrat ou une titularisation. C’est un vrai investissement : il est important qu’il reste chez nous. Nous sommes donc attentifs à ce qu’il ait de vraies missions et qu’il soit bien intégré dans son équipe. Les maîtres d’apprentissage jouent un rôle clé dans ce process. Les apprentis apportent également de nouvelles méthodes, techniques, connaissances et compétences : c’est une richesse. L'apprentissage est enfin un outil puissant de GPMC : une campagne d’apprentissage nous permet de déterminer les services qui ont du turn-over, les métiers en tension et la pyramide des âges. Un apprenti peut très bien remplacer un départ à la retraite. »
Le contrat d'apprentissage en pratique
L'apprenti : Pauline Jacob, 19 ans, titulaire d’un bac STL (sciences et technologies de laboratoire)
L'employeur : Groupe hospitalier de la région de Mulhouse Sud-Alsace (GHRMSA)
Diplôme préparé : BTS bio-qualité au Lycée Jean Rostand à Strasbourg (Bac +2)
Maître d’apprentissage : Estelle Gutfreund, 41 ans, cadre de santé depuis 2018 au laboratoire d’hématologie, titulaire d’un Master Management et formation dans les établissements de santé.
Durée du contrat : 2 ans (01/09/2021 - 31/08/2023)
Rémunération : 43% du SMIC
Financement ANFH : 5 250 € (50% des coûts pédagogiques)
Coût total : 28 032 €
Aide exceptionnel de l’État de 3 000 euros : oui