Certaines compétences s’acquièrent uniquement en travaillant en équipe, sur le terrain !
interview
Au Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Strasbourg, Inès Hammami prépare un diplôme d’ingénieur en informatique en alternance au pôle Projets dans le domaine Imagerie de la Direction du Système d’Information et du Numérique (DSIN). Ses missions lui permettent d’être en relation avec tous les services de l’établissement. Elle est encadrée notamment par son maître d’apprentissage Jean-Philippe Poncet, responsable du pôle Projets à la DSIN.
En quoi consiste votre travail ?
Inès Hammami : Depuis la rentrée 2021, je travaille au pôle Projets dans le domaine Imagerie, où je m’initie à la chefferie de projets. C’est un pôle transverse qui travaille avec les équipes de tous les autres pôles. Pour m’approprier chaque projet, je dois d’abord enquêter sur le sujet, comprendre ses tenants et aboutissants, identifier d’où viennent les problématiques pour lesquelles nous devons proposer une solution. Concrètement, j’interviens surtout sur un projet d’imagerie radionucléaire intitulé « VENUS », que j’ai suivi depuis ses débuts. Il s’agit de mettre à jour un système installé il y a une dizaine d’années, en développant une solution de logiciels intercommunicants. Je réponds aussi aux questions techniques voire fonctionnelles des utilisateurs, qui nous soumettent 70 000 sollicitations par an (toutes demandes confondues du CHRU) via une hotline dédiée.
Jean-Philippe Poncet : Je suis responsable de projets à la Direction des Systèmes d’Information et du Numérique (DSIN) du CHRU, qui regroupe une centaine de personnes. Nous développons des applications et intégrons notamment des progiciels transversaux à tous les services. Le domaine Imagerie, qui dépend de cette Direction, a mis en place par exemple un système d’analyse et de partage des images (PACS) ainsi qu’un système d’informations en radiologie (RIS) pour consulter les comptes rendus de radiologie. Comme elle l’a précisé, Inès nous apporte son soutien en priorité sur VENUS, mais aussi sur le PACS ou d’autres projets d’imagerie, ainsi que pour la hotline de ce domaine.
Comment s’organise votre quotidien et quels sont vos échanges entre apprenti et maître d’apprentissage ?
Inès Hammami : Je suis en cours une semaine sur deux, ce qui me permet de ne pas rester éloignée trop longtemps du suivi des projets du pôle. Mes cours comportent beaucoup de mise en pratique. Ils me permettent d’acquérir des compétences que je peux approfondir dans mes missions au CHRU (gestion de projet, conduite du changement, sécurité des réseaux) et d’autres savoirs que je ne mobilise pas directement – par exemple, en développement, ou même en anglais. Par ailleurs, répondre aux questions des utilisateurs via la hotline m’apprend beaucoup, car je dois résoudre des problèmes en comprenant de quoi il retourne à la base.
Jean-Philippe Poncet : Avec Inès, nous échangeons une fois par mois dans le cadre d’une réunion tutorale. Au quotidien, dans l’opérationnel, son suivi est assuré par sa tutrice Sophie Fernandes, responsable du domaine Imagerie au sein de la DSIN. Elle confie à Inès des missions qui lui permettent de gagner peu à peu en autonomie et lui apporte des réponses si elle rencontre des difficultés.
Quels bénéfices attribuez-vous à l’apprentissage ?
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Inès Hammami : Je travaille dans un contexte stimulant où je suis bien encadrée, ce qui est rassurant. Je joue un rôle actif au sein de l’équipe : mes missions me font acquérir des compétences variées et participer aux réunions. Justement, j’ai choisi l’apprentissage parce que je pense qu’il y a des savoir-faire et des savoir-être que l’on peut appréhender seulement en travaillant en équipe, sur le terrain, comme la capacité à organiser les tâches ou à gérer les conflits. Par ailleurs, l’apprentissage représente une première expérience professionnelle significative, c’est un atout dans le CV ! Enfin, le salaire que je perçois me permet d’être autonome pour le financement de mes études.
Jean-Philippe Poncet : Travailler dans le domaine Imagerie permet à Inès de collaborer avec tous types d’interlocuteurs : par exemple, les radiologues sont nos partenaires pour tester les fonctionnalités et la stabilité des logiciels en réalisant des tests. Cela est très formateur pour elle. Réciproquement, Inès est une collaboratrice précieuse en matière d’assistance à projets : intéressée par ses missions, volontaire et à l’écoute, elle pose des questions et se montre force de proposition. Elle a aussi d’excellentes qualités relationnelles. Si nous en avons l’opportunité, nous lui proposerons un poste pérenne à la fin de son cursus.
Le regard de…Véronique Brunstein, responsable de formation au CHRU de Strasbourg
« Avant le lancement du dispositif de financement de l’ANFH, nous avions déjà quelques apprentis dans des métiers particuliers : préparateur en pharmacie hospitalière, technicien biomédical ou encore ingénieur en radioprotection. Depuis septembre 2021, nous avons pu multiplier par deux notre nombre d’apprentis. Aujourd’hui, nous en avons une quinzaine, et nos alternants travaillent dans des secteurs plus variés : informatique, formation, soins infirmiers, etc.
L’apprentissage est un dispositif gagnant-gagnant. Pour les jeunes, il est très intéressant d’avoir à la fois le statut d’étudiant et celui de salarié, avec les avantages que cela leur confère : ils se forment, tout en percevant un salaire qui leur permet de devenir autonomes par rapport à leur famille. Une fois leur diplôme en poche, ce statut leur ouvre droit aux indemnités de chômage, ce qui se révèle très utile pour cette période de transition que représente la recherche d’un premier emploi. Globalement l’apprentissage facilite l’entrée dans la vie adulte.
Pour l’établissement, c’est l’opportunité de recruter des collaborateurs à part entière et à long terme : un apprenti dispose de plus de temps qu’un stagiaire pour s’approprier ses missions et les mener à bien. Pour toutes ces raisons, et grâce aux modalités proposées par l’ANFH, nous allons développer le recours à l’apprentissage de manière plus proactive que nous ne l’avons fait jusqu’à présent. »
Le contrat d'apprentissage en pratique
L’apprentie : Inès Hammami, 24 ans.
L’employeur : CHRU de Strasbourg, 1er employeur en Alsace (2 800 lits, 13 000 agents, 1 300 étudiants, 6 sites ; 7 écoles et instituts)
Diplôme préparé : Ingénieur spécialité Informatique et Systèmes d’information avec le CNAM.
CFA partenaire : CFAI (Centre de Formation d’Apprentis de l’Industrie) d’Alsace
Maître d’apprentissage : Jean-Philippe Poncet, responsable de projets à la Direction des Systèmes d’Information et du Numérique du CHRU
Durée du contrat : 2 ans (septembre 2021-juin 2023)
Rémunération : 78 % du SMIC
Co-financement ANFH des frais pédagogiques : 4 000 € / an (+ plan de formation de l’établissement : 4 000 € / an)
Coût total : 42 679,78 € (16 000 € de frais pédagogiques et 26 679,78 € de salaire)